19e édition de la
SNC Bobo 2018
Le visage du grand rendez-vous culturel burkinabè après 35 ans d’existence
La Semaine nationale de la culture (SNC) Bobo
2018 est à sa 19e édition.
Porté sur les fonts baptismaux en
1983, la Semaine nationale de la culture (SNC) témoigne de la volonté de l’État
burkinabè de placer la culture au centre des enjeux du développement.
Après 35 éditions la SNC sombre à remplir sa
mission.
Rappel sur l’historique de la SNC
L
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a SNC a vu le jour en 1983.
À cette époque, les
autorités politiques de la Révolution ont voulu faire de la culture nationale, le
socle d’un développement tenant compte des réalités propres au Burkina Faso. La 1ère
édition dite Ouaga 83, s’est déroulée du 20 au 30 décembre 1983 et a connu la
participation de plus de 2000 artistes. La SNC sera donc programmée pour chaque
année et de façon tournante dans les différentes
provinces.
La 2ème
édition, Gaoua 84, s’est tenue du 13 au 20 décembre 1984. Gaoua 84 tire sa
célébrité de la qualité du site, de la diversité des expressions et de la
participation d’ensembles célèbres tel l’ensemble instrumental du Mali. En avril 1985, s’est tenu un séminaire
national sur la SNC à Matourkou. La SNC deviendra une biennale. Mais gardera le principe de la célébration tournante entre
les chefs-lieux de province. La 3ème édition en 86 s’est tenue à Bobo
Dioulasso. La 4ème simultanément dans deux chefs-lieux de provinces voisines
d’où la dénomination ‘’Koudougou - Réo 88’’. Ce
sera aussi la fin du principe de rotation de la manifestation. La SNC fut
institutionnalisée en 2000 avec la construction de son siège à Bobo Dioulasso.
Ses principaux objectifs sont les suivants :
§ la
promotion de la création artistique ;
§ la revalorisation du patrimoine culturel
national ;
§ le
rapprochement et le brassage harmonieux des différentes formes d’expressions
culturelles du Burkina Faso ;
§ Le
renforcement de la coopération culturelle internationale
Depuis ce jour, la SNC est célébrée tous les deux
ans. À chaque édition un thème
spécifique est choisi, et tout cela en faveur de la promotion des valeurs culturelles
du Pays des hommes intègres. Pendant toutes les éditions tout le monde dit
prendre conscience des enjeux culturels liés au développement du Burkina Faso.
L’édition 2018 vient de refermer ses ces
portes ce 30 mars 2018 à la maison de la culture de Bobo Dioulasso.
La SNC a encore beaucoup à faire
Tout comme les autres éditions, nous avons
entendu de beaux discours à la 19e édition allant dans le sens de la
promotion des cultures burkinabè. Mais
dans la réalité qu’est-ce que cela a apporté dans le comportement des
Burkinabè ?
L’aspect festif et la course aux prix prend le
dessus sur la réflexion et le combat, seule voie de sortie de cette crise
culturelle.
La SNC peut-elle réussir sa mission quand dans les
faits plus de la moitié des Burkinabè ne peuvent pas se procurer des produits
locaux. Ce que nous mangeons, portons, regardons influence sans doute notre
façon de penser et d’agir. Combien de Burkinabè peuvent s’acheter du riz ou du
tissu « made in Burkina » ? Et sans parler des difficultés de
nos médias, l’atteinte des objectifs de la SNC, en tout cas si on l’entend
comme son promoteur feu le Président
Thomas SANKARA, passe nécessairement par le développement de notre 7e
art(le cinéma), et la music de notre terroir. Cela pourrait nous rendre plus
pessimistes quand nous regardons les conditions de vie et de travail de nos artistes
locaux, toute catégorie confondue. Il nous suffit de faire un tour au Bureau burkinabè du droit d’auteur(BBDA) pour comprendre
que ce n’est pas du tout facile pour ces derniers. Un artiste peut se retrouver
à la fin du mois avec seulement des pièces de monnaie. Aussi l’idéal serait-il adopter un rythme
étranger. En tout cas pour tout artiste qui veut s’en sortir financièrement.
Quand tout le monde à commencer par la jeunesse
dit prendre conscience des enjeux culturels de notre ère, combien sont prêts à
consommer la music, le cinéma burkinabè ?
Le thème de cette 19e édition est
interpellateur, « Sauvegarde des valeurs culturelles :
enjeux et défis ». Le Premier ministre Paul Kaba TIEBA, lors de cette
édition a affirmé : « Il n’y
a aucun pays qui s’est développé sans
fondements culturels ». Il a précisé que la globalisation ne signifie
pas la fin des identités mais plutôt que chacun doit rester soi-même tout en
s’enrichissant des cultures positives extérieures. Mais ce rendez-vous du
donner et du recevoir comme l’a appelé SENGHOR ne pourrait profiter au Burkina
Faso que quand nous pourrons présenter au reste du monde un contenu dont nous
sommes nous-mêmes fiers.
Aussi
faudrait-il repenser la SNC pour la rendre plus dynamique et plus profitable
aux Burkinabè.
Commentaire
Lucien KAMBOU
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