INTRODUCTION
La culture, ensemble des pratiques et traits
caractéristiques d’un peuple donné, est un enjeu majeur pour chaque pays à
l’aune de la mondialisation. Pour éviter la perte de l’identité culturelle, des
ministères de la culture ont été créés.
C’est sous ce prisme de conflit culturel qu’apparait
la notion d’exception culturelle visant à protéger les productions culturelles
locales dans un marché mondial caractérisé par une concurrence et dont les
potentiels perdants sont les moins développés.
L'objet de la présente recherche
est de faire le point sur ce qui est entrepris au double plan national et
international pour dynamiser la culture du pays des hommes intègres, d'en
déterminer les insuffisances et de proposer des solutions en vue d'insuffler
une nouvelle dynamique à ce secteur, qui ne dispose pas encore des financements
nécessaires pour atteindre ses objectifs.
1 Définitions de concepts
1.1 Culture
Selon la
charte de l’OUA de 1976, « Toute communauté humaine est forcément régie
par des règles et des principes fondés sur la tradition, la langue, le mode de
vie et de pensée ensemble, de son génie et de sa propre personnalité. »[1].
Cette même charte affine sa définition de la culture
en 2006 : « Toute communauté humaine est forcément régie par des règles et
des principes fondés sur la culture, et que la culture doit être perçue comme
un ensemble de caractéristiques linguistiques, spirituelles, matérielles,
intellectuelles et émotionnelles de la société ou d’un groupe social qu’elle
englobe outre l’art, la littérature, les modes de vie, les manières de vivre
ensemble, les systèmes de valeur, les traditions et les croyances. »[2].
Selon l’entendement de la promotion 2021-2022 de
Master 1 à l’IPERMIC, « La culture
est l’ensemble des pratiques ou traits caractéristiques d’un peuple donné et
qui permet de le distinguer des autres. C’est l’ensemble des manières de vivres
(l’habillement, la conception du monde, la littérature, etc.) d’un peuple
donné. »[3].
1.2
Exception culturelle
En sociologie, l'exception
culturelle désigne celui qui ne suit pas le schéma de reproduction sociale. Par exemple, un enfant
d'ouvrier qui devient professeur est une exception culturelle.
Plusieurs auteurs ont tenté de donner leur
compréhension sur la notion d’exception culturelle. Nous retiendrons Christophe
GIOLITO pour qui le terme d’exception culturelle d’«
exception culturelle » est d’abord employé pour signifier que les produits
culturels ne sont pas des biens comme les autres, qu’ils ont vocation à être
soustraits, au moins partiellement, aux règles qui s’appliquent aux
marchandises soumises aux principes de l’échange libéral.
En droit
international et
en politique culturelle,
l’exception culturelle est un ensemble de dispositions visant à faire de la culture une exception dans les traités
internationaux, notamment auprès de l'Organisation
mondiale du commerce (OMC). Ces dispositions ont pour but de spécifier que
les États sont souverains et fondés à limiter le
libre-échange de la culture sur le marché pour soutenir et promouvoir leurs
propres artistes, véhicules et porte-parole de leur
culture.
Pour faire
simple, et pour résumer, l’exception culturelle correspond à un ensemble de
dispositions adoptées pour protéger les productions culturelles des lois du
commerce, et pour donner la possibilité aux Etats d’aider leur culture
nationale. Elle fait de la culture propre à chaque pays une exception dans les
traités internationaux, notamment auprès de l’Organisation mondiale du commerce
(OMC).
2 Cadre juridique sur l’exception culturelle au Burkina Faso
L’exception
culturelle est un concept qui est apparu sous la mondialisation avec pour but
de soustraire la culture du phénomène du libre-échange afin que chaque pays
puisse promouvoir et développer sa culture à l’interne.
En
pratique pour la mise en place, et en principe pour l'application des
dispositions visant à faire de la culture une exception dans
les traités internationaux, elles sont soutenues par 31 Coalitions nationales
dans les pays suivants : Allemagne, Argentine, Australie, Belgique, Bénin, Brésil, Burkina Faso, Cameroun, Canada, Chili, Colombie, Congo, Corée du Sud, Côte d’Ivoire, Équateur, Espagne, France, Guinée, Hongrie, Irlande, Italie, Mali, Maroc, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Sénégal, Slovaquie, Suisse, Togo, Uruguay. En mars 2007, à
Montréal, ce sont maintenant 38 coalitions qui ont réaffirmé leur soutien à la
diversité culturelle : dotées d'un Comité international de liaison, le
CIL-CDD, elles regroupent environ 400 organisations professionnelles de
la culture de toutes les
régions du monde.
Au
Burkina Faso, l’exception culturelle est régie par des décrets ou lois portant
sur la protection du patrimoine culturel. En effet, selon cette loi, on entend
par patrimoine culturel, l’ensemble des biens culturels, naturels, meubles,
immeubles, immatériels, publics ou privés, religieux ou profanes dont la
préservation ou la conservation présente un intérêt historique, artistique,
scientifique, légendaire ou pittoresque.
2.1
L’adoption d’une politique nationale de la
culture
Les
institutions mises en place dans le cadre de la protection du patrimoine
culturel ne peuvent assurer pleinement leurs missions que si leurs actions
s’inscrivent dans une stratégie globale de protection et de promotion du
secteur de la culture. A ce sujet, la convention de 2005 sur la diversité des
expressions culturelles encourage les Etats à « intégrer la culture dans leur
politique de développement à tous les niveaux, en vue de créer les conditions
propices au développement durable. ». C’est pourquoi au Burkina Faso il a
été adopté, par décret n°2005- 353 / PRES/PM/MCAT du 25 Juin 2005, une
politique culturelle[4].
Cette politique culturelle a été remplacée par la politique nationale de la culture adoptée en Octobre 2009 et qui couvre la période 2010-2019. Son but est de fonder l’avenir de la nation sur les valeurs et les réalités endogènes en mutation et de prendre en compte les objectifs à moyen de la SCADD (stratégie de la croissance accélérée et de développement durable) qui sont de faire du secteur de la culture un levier pour le développement économique du Burkina Faso. Les sous-secteurs de la SCADD consacré à l’artisanat, aux industries culturelles et touristiques commandent de développer « des infrastructures culturelles et touristiques, ainsi que l’aménagement des sites et zones à vocation culturelle et touristique ». Dans le même sens, l’article 7 de la convention de 2005 stipule que : « Les Etats doivent s’efforcer de créer sur leurs territoires un environnement encourageant les individus et les groupes sociaux : à créer, produire, diffuser et distribuer leurs propres expressions culturelles et à y avoir accès, et à avoir accès aux diverses expressions culturelles provenant de leur territoire ».
v Objectifs clefs de la mesure :
La Politique Nationale de la Culture (PNC) a été
adoptée en octobre 2009 par le Conseil des Ministres après validation par les
acteurs.
Elle vise quatre (04) objectifs stratégiques. Ces
objectifs sont déclinés en objectifs spécifiques.
Objectif stratégique 1 : Préserver la diversité
culturelle en vue de promouvoir l’inculturation et de consolider la cohésion
sociale.
Objectif spécifique 1 : Protéger et valoriser le
patrimoine culturel matériel et immatériel (par l’établissement de partenariats
efficaces).
Objectif spécifique 2 : Promouvoir les valeurs et les
savoir-faire endogènes dans les stratégies de développement.
Objectif spécifique 3 : Développer la recherche dans
le domaine de la culture.
Objectif spécifique 4 : Encourager et soutenir les
initiatives locales et nationales de promotion culturelle.
Objectif stratégique 2 : Renforcer les capacités
institutionnelles du secteur de la culture.
Objectif spécifique 1 : Assurer la déconcentration et
la décentralisation de l’action culturelle.
Objectif spécifique 2 : Développer les ressources
humaines et le potentiel d’acteurs par la formation professionnelle spécialisée
et l’éducation.
Objectif spécifique 3 : Développer les espaces et
structures de création et de diffusion culturelles.
Objectif spécifique 4 : Améliorer le dispositif
institutionnel et juridique en vue d’assurer une bonne régulation du secteur.
Objectif spécifique 5 : Développer les mécanismes de
coordination entre les acteurs du secteur.
Objectif stratégique 3 : Structurer et développer l’économie
de la culture.
Objectif spécifique 1 : Développer l’entrepreneuriat
culturel et les industries culturelles.
Objectif spécifique 2 : Assurer la protection des
produits et des acteurs et lutter contre la fraude et la contrefaçon.
Objectif spécifique 3 : Veiller à la prise en compte
de la dimension culturelle dans les autres politiques de développement.
Objectif spécifique 4 : Développer une offre
culturelle attractive et diversifiée sur toute l’étendue du territoire national.
Objectif spécifique Renforcer le potentiel économique
de la culture.
Objectif stratégique 4 : Renforcer la coopération
culturelle et soutenir la diffusion extérieure des produits culturels
burkinabè.
Objectif spécifique 1 : Dynamiser la coopération en
matière de culture.
Objectif spécifique 2 : Soutenir la diffusion
extérieure des produits culturels.
Objectif spécifique 3 : Encourager la création et le
développement d’initiatives à vocation internationale.
Le Ministère de la culture et du tourisme est chargé
de la mise en œuvre de la Politique nationale de la Culture. Ses objectifs sont
fixés par décret n°2007-424/PRES/PM/SGG-CM du 13 juillet
2007. Au sein de ce Ministère, la Direction des études et de la planification
est chargée de la coordination et du suivi de la mise en œuvre de la politique
culturelle.
v Périmètre de la mesure
Local, Régional, National, International.
v Principale caractéristique de la mesure
Pour renforcer la contribution du secteur culturel au
développement social et économique du pays, les principaux défis à relever sont
:
La préservation et la protection du patrimoine
culturel et de la diversité des expressions culturelles ;
La structuration et le développement d'une économie de
la culture créatrice d'emplois et génératrice de revenus ;
La création d'un cadre juridique et institutionnel
favorable au développement du secteur notamment la propriété littéraire et
artistique et le statut de l'artiste, la réglementation de industries
culturelles ;
La prise en compte de la culture dans les stratégies
de développement au niveau national et local (collectivités territoriales) ;
Le développement des ressources humaines et la
mobilisation des ressources financières pour la mise en œuvre de la politique
culturelle ;
La dynamisation de la coopération culturelle
bilatérale, multilatérale et décentralisée ;
Le développement de la contribution du secteur à l'éducation citoyenne, à la cohésion sociale et à la paix.
v Principales conclusions de la mise en œuvre de la
mesure
Le Burkina Faso a réalisé en 2012 une étude sur les
impacts de la culture qui a permis de faire ressortir la contribution des
activités culturelles au développement économique et social du pays.
·
Sur le plan économique
La culture est présente dans tous les secteurs
économiques (primaire, secondaire et tertiaire) avec des acteurs qui apportent
leurs contributions sous forme de salaires et d'honoraires perçus, d'intérêts
et de dividendes versés, d'impôts payés et de devises encaissées.
En 2009, le secteur de la culture a employé directement plus de 164 592
personnes, soit 1,78% des actifs occupés. Sa contribution au PIB pour la même
période était de 79 677 millions de FCFA (159 millions dollars US), représentant
2,02% du PIB national. Par ailleurs, les revenus générés par les contrats
obtenus par des centaines d'artistes qui prestent à l'extérieur sont importants
mais demeurent difficiles à capitaliser.
·
Sur le plan social
La culture constitue le socle du développement social
du Burkina Faso. Ce socle bâti pendant des siècles se compose de milliers
d'usages, de pratiques et d'expressions culturelles qui établissent les liens
sociaux et en assurent la régulation. Le rôle social de la culture s'affirme profondément
entre autres à travers :
Sa contribution dans la prévention et la gestion des
conflits (parenté à plaisanterie) ;
Son rôle intégrateur dans la construction de la Nation
(les valeurs partagées de solidarité ; d'intégrité, de courage, etc.).
L'importance des valeurs traditionnelles dans la
promotion du développement durable à travers des initiatives endogènes de
protection de l'environnement tels les interdits de coupes abusives de bois,
des feux de brousse, de chasse sauvage ;
L'apport des savoirs locaux comme facteurs d'impulsion
de développement agricole (la méthode culturale Zaï) ;
L’autonomisation sociale des femmes (importance dans
la gestion des unités de transformation et de production artisanales).
Au-delà de ces résultats, l'action culturelle génère
des impacts importants sur les aspects suivants :
La protection et la promotion de la diversité des
expressions culturelles à travers l'organisation de plusieurs activités et
manifestations culturelles dans les différentes filières ;
La bonne gestion de la propriété littéraire et
artistique (droit d'auteur et droit voisin) ;
La protection et la promotion des expressions
culturelles menacées de disparition.
v Indicateurs utilisés pour déterminer l’impact
Les indicateurs qui ont été pris en compte dans cette
étude sont: la contribution du secteur de la culture au PIB national, la
contribution du secteur de la culture à la création de l'emploi, la
contribution à l'éducation et à la formation (effectifs globaux des mêmes
ordres d'enseignement);la contribution du secteur de la culture au commerce
extérieur, le niveau de financement du secteur de la culture, l'évolution des
droits recouvrés par le Bureau burkinabè du droit d'auteur (BBDA), l'évolution
des droits perçus par les artistes, l'évolution de l'exportation des biens
culturels, et l'évolution du budget du Ministère en charge de la culture.
2.2
L’élaboration de programmes de développement
culturel
L’Etat
burkinabè a favorisé le développement de programme et projets qui concourent à
l’essor et à la promotion du secteur de la culture. C’est le cas du programme
de protection du patrimoine et des produits artistiques (PPA), du programme
d’appui au renforcement des industries culturelles et créatives (ARPIC), qui
visent tous les deux, la protection des éléments tangibles et intangibles du
patrimoine culturel[5].
3
Les enjeux de l’exception culturelle pour le
Burkina
Le concept d’exception
culturelle est apparu pour la première fois en France, et dans le débat public
français en 1993 en même temps qu’une organisation internationale, le GATT (General Agreement on
Tariffs and Trade : Accord
général sur les tarifs douaniers et le commerce), accédait
à la notoriété médiatique après que sa nature, sinon même son existence, eut
été découverte par les professions artistiques et audiovisuelles et nombre de
décideurs publics. Jour après jour, au cours de cette période, journaux
télévisés et presse écrite avaient mis le GATT à la Une de l’actualité. D’abord
grâce au pré-accord de blair-house, suscitant le courroux des agriculteurs.
Ensuite, et surtout, en fonction des périls provoqués par cette instance dans
le domaine de l’audiovisuel et du cinéma.
C’est pour conjurer
ces périls que les organisations professionnelles représentatives et les
sociétés d’auteurs ont forgé l’argument en défense de l’exception culturelle
dont le retentissement médiatico-politique allait connaître une amplitude
d’autant plus forte qu’elle bénéficiait d’une union sacrée de l’ensemble de la
classe politique française.[6]
Au Burkina Faso,
la richesse du patrimoine culturel et la créativité des acteurs ont conduit à
l’émergence de nombreuses activités culturelles modernes qui ont permis le
rayonnement du pays sur l’échiquier international.
Ce dynamisme culturel se traduit par la tenue régulière
de grandes manifestations telles que le FESPACO (Festival panafricain du Cinéma
et de la Télévision de Ouagadougou) ; le SIAO (Salon International de
l’Artisanat de Ouagadougou) ; la Semaine Nationale de la Culture) ; le FITMO
(Festival International de Théâtre et de Marionnettes de Ouagadougou) ; le FITD
(Festival International de Théâtre pour le Développement) ; les NAK (Nuits
Atypiques de Koudougou) ; le FESTIMA (festival des masques) ; Jazz à Ouaga ; Ouaga
Hip Hop, les FAMA (Faso Music Awards), etc. Ces initiatives sont autant
d’opportunités offertes aux créateurs et entrepreneurs culturels pour valoriser
les expressions culturelles et développer leurs affaires.
L’entreprise culturelle est en outre devenue un
facteur économique non négligeable : selon le rapport de l’étude d’impacts, en
2009, la valeur ajoutée dégagée par les filières culturelles est estimée à
environ 80 milliards F CFA soit 2,02% du PIB. La culture génère 164 592 emplois
directs représentant 1,78% des actifs occupés. Au plan international, la
culture burkinabè se vend bien à travers les exportations de biens culturels
qui sont des sources de revenus substantiels pour l’ensemble du pays. En 2011,
la valeur de ces exportations était estimée à 13 milliards F CFA, pour les
aspects perceptibles.
En plus de son aspect économique, la sphère culturelle
revêt une importance capitale dans notre société. L’activité créatrice et la
participation active à la vie culturelle favorisent aussi bien la formation de
l’identité individuelle que l’expérience de l’appartenance à une communauté de
valeurs.
Les enjeux culturels sont donc énormes. Ils
sous-entendent cette interaction entre culture et développement, diversité et
mondialisation culturelle, le poids des industries cultuelles et leur
importance comme vecteurs d’influence et de rayonnement international.
On ne peut parler des enjeux de l’exception
culturelle sans évoquer le concept d’ « industrie
culturelle » dont Théodor W. Adorno et Max Horkheimer
de l’école de Francfort en sont les pères fondateurs. L’industrie
culturelle décrit le fonctionnement spécifique des industries dans le domaine de
l’audiovisuel, de la musique ou du numérique.[7] Les auteurs ont
critiqué l'industrie culturelle, instrument de domination selon eux.
La charge menée contre
les médias est en effet lourde : ils leur reprochent de faire du public
un “jouet passif”, réduit à opiner, à absorber toute la matière
qu’on lui présente. Les médias transformeraient les citoyens en consommateurs
abêtis, objectivés, déshumanisés. Le spectateur serait une sorte d’homme
générique, comme l’était l’ouvrier aliéné chez Marx, dont l’unité de
condition consiste dans le fait qu’il a perdu toute fonction, et même toute
capacité critique. Sa conscience devient à l’ère des mass media une machine qui
effectuent des « opérations standardisées ».
La standardisation est une notion clé
pour comprendre le fonctionnement de l’industrie culturelle : dans la
mesure où des millions de gens ont désormais accès à l’offre culturelle à
travers les médias de masse, le secteur culturel a recours à des modes de
productions industriels, ceux d’une production standardisée. En effet, pour
satisfaire une telle masse de consommateurs, il faut pouvoir répondre à des
millions de besoins, ce qui implique une planification de la production. Non
seulement il faut pouvoir fournir suffisamment de produits, ce qui exige que
ceux-ci soient faciles à fabriquer, mais il faut également prévoir leur
promotion et leur acheminement afin qu’ils couvrent la demande sur tout le
territoire concerné. La notion d’industrie culturelle se définit donc
principalement par la rationalisation de la production et la planification de
sa réception.[8]
Ainsi donc, la
puissance médiatique est un impératif. Et de ce fait, le journaliste et tous les acteurs médiatiques restent
incontournables. Ils sont des médiateurs entre la culture et les politiques et
les populations. Il est donc primordial qu’ils aient des repères professionnels
et déontologiques pour diffuser et promouvoir les activités culturelles et
artistiques. Surtout soutenir la politique culturelle intégrée dans le programme
national en vue de conforter la place de choix qu’occupe le Burkina Faso. Ce
même programme doit aussi viser le développement des médias, car ils sont
porteurs de l’identité culturelle nationale à l’international.
Cela est d’autant plus criard quand on sait que dans cette
globalisation que nous connaissons aujourd’hui, seules les cultures les plus
fortes survivent, au détriment des plus faibles. Et nous savons que sur la
scène internationale, les cultures africaines sont en mauvaise posture. L’enjeu
principal de l’exception culturelle est donc celui de la suivie identitaire.
4
La pratique de l’exception culturelle au Burkina Faso
Depuis l’indépendance en
1963, les autorités burkinabés ont reconnu le rôle fondamental de la culture.
Cette importance est axée sur les processus de développement dans des documents
clés, tels que la Politique culturelle nationale mise en place en 2009 et la
Stratégie de croissance accélérée et de développement durable de 2010-2015.
Le défi est de s’assurer
que l’intégralité des avantages culturels soit prise en considération et que la
culture soit systématiquement reconnue et intégrée en tant que composante
essentielle et durable dans les plans de développement nationaux.
Une masse fascinante de
nouvelles données sur la culture et le développement. Cela est appliqué par la
mise en œuvre des indicateurs UNESCO de la culture pour le développement. Elle
apporte également de nouvelles perspectives pour des interventions ciblées et effectives
dans le domaine de la culture et du développement au Burkina Faso. De
telles données empiriques tombent à point nommé au Burkina Faso lorsque les
autorités ont entrepris d'améliorer les indicateurs culturels à des fins
politiques par le biais du Programme d’Appui au Renforcement des Politiques et
Industries Culturelles (ARPIC), lancé en 2012 avec le soutien de l'Organisation
Internationale de la Francophonie.
Les résultats des IUCD indiquent que le
Burkina Faso a su se doter de cadres normatif, politique et institutionnel
ainsi que de mécanismes de participation de la société civile, qui forment le
soubassement à la bonne gouvernance culturelle et la promotion d’un secteur
culturel dynamique.
Ainsi, on dénombre
plusieurs domaines d'intervention des exceptions culturelles au
Burkina tels que l’éducation, le développement, l’audiovisuel, la culture.
4.1
Dans le domaine de l’éducation
L’exception culturelle est un concept politique qui fait de la culture propre à
chaque pays une exception dans les traités internationaux
En effet, les institutions publiques fournissent
plusieurs programmes ayant trait à la culture, à la formation technique et professionnelle,
ce qui reflète la volonté des autorités publiques d’investir dans l’enseignement
culturel au niveau de la formation professionnelle. Cependant, l’enseignement
des arts ne figure pas dans les programmes scolaires des jeunes, ce qui peut
être en défaveur de la promotion de la participation culturelle et gêner le
développement de l’intérêt individuel, les compétences et les opportunités des
individus pour poursuivre une carrière professionnelle dans le secteur de la
culture.
4.2
Dans le domaine du développement
Les problématiques de la culture au
Burkina Faso : les indicateurs de l'IUCD soulignent le potentiel du secteur de
la culture au Burkina Faso, pour le développement économique et le bien-être,
tout en mettant en exergue certains obstacles qui l’empêchent d'atteindre son
plein potentiel.
Le potentiel économique du secteur de la
culture au Burkina Faso est indéniable, et peut devenir un véritable levier de
développement. Plus de 170,000 individus, soit près de 2.14% de la population
active du Burkina Faso, exercent une profession culturelle. Quoique les
contraintes méthodologiques aient empêché l’établissement d’un indicateur
central des IUCD sur la contribution du secteur culture pour le PIB, les
estimations de l’Institut national de la statistique et de la démographie
(INSD) indiquent que la culture contribue à près de 4% du PIB. Le secteur
audiovisuel burkinabé s’avère très dynamique en particulier, de par sa capacité
à alimenter la télédiffusion publique de productions télévisées de fictions
nationales plus ou moins élevées (27.3%).
4.3
Dans le domaine des télécommunications
Le secteur des télécommunications est en
véritable expansion au Burkina Faso, peu d’individus ont un accès à
Internet soit 2.64%, alors qu’il est un véritable vecteur de savoir, de
connaissance et de contenu culturel ainsi qu’un catalyseur du développement.
4.4
Dans le domaine de la culture
Les fortes
inégalités dans la distribution des infrastructures culturelles entre les 13
régions du Burkina Faso, non seulement freinent les opportunités d’accès à la
vie culturelle, mais aussi rendent moins avantageux l’accès aux moyens de
production, de diffusion et de jouissance culturelles. Une meilleure
distribution pourrait faciliter l’accroissement de la consommation domestique
de biens et services culturels de la consommation totale des ménages) et améliorer
le potentiel du marché de ce secteur. De la même façon, la durabilité du
patrimoine naturel et culturel Burkinabé dépend fortement de la capacité
de toutes les régions à enregistrer, préserver, et valoriser leur patrimoine
matériel et immatériel. Pour assurer la protection et la valorisation de la
diversité culturelle au Burkina Faso, le transfert des connaissances et la décentralisation
des compétences doivent se poursuivre.
5
Analyse des contenus médiatiques
Pour promouvoir la culture burkinabè, les médias
accordent un certain espace à la culture locale. Cette volonté de promouvoir la
culture se manifeste par les émissions télé, les films et documentaires, et les
musiques et clips joués à l’antenne. Mais l’on déplore la quasi inexistence de
médias à vocation culturelle. Et ceux qui existent sont en ligne (Afriyelba,
Afriktilgré, etc.).
5.1
La RTB
5.1.1
Le
programme
La radio télédiffusion du Burkina Faso a à son actif
des émissions en langue française mais aussi en langue locale telle que :
le Mooré, le Dioula et le Fulfudé. L’émission qui intègre ses quatre langues
est bien sur le journal télévisé. Une rubrique qui attire notre attention dans
le JT en français est « une semaine à » ; celle-ci met en avant
une localité d’une des 13 régions, en parlant de ses richesses, des mœurs des
populations, etc.
Il existe aussi des émissions en langue française
notamment des émissions de divertissements à caractère culturel. Il s’agit
principalement de « l’apéro », de « le samandé »,
« cocktail ».
En plus de cela, il y’a aussi les documentaires
culturels qui sont diffusés de temps à autre. En général, ces documentaires
font un focus sur une pratique traditionnelle donnée. Exemple : le deuil
en pays Lobi.
Il y’a
également des émissions périodiques qui ont vocation de promouvoir les talents
locaux : Faso académie, face, etc. Les évènements culturels sont également
mis en avant lorsqu’ils sont en cours par exemple le FESCACO, la SNC, les NAK etc.
5.1.2
Critique
Si la RTB fait des efforts pour une représentativité
des différents groupes sociaux vivants au Burkina Faso, on note des efforts
restent à faire. Les groupes sociaux dominants tels que les mossi sont plus
représentés que leurs grands-parents du sud-ouest, les Lobis. Ce qui crée des
frustrations chez certains par exemple, qui refusent de suivre la chaine.
A cela, il convient d’ajouter que certaines émissions
de la RTB ne font pas l’unanimité au sein de la population. C’est le cas des
feuilletons. Pour exemple, on se rappelle de ce feuilleton diffusé par la
chaine qui mettait en scène des homosexuels. Chose que les téléspectateurs ont
beaucoup critiqué, car pour eux, cela ne reflète pas les mœurs burkinabè.
5.2
BF1
5.2.1
Le programme
La télévision BF1, chaine privée burkinabè la plus suivie
selon Africascope de Kantar, accorde une place à la promotion de la culture
nationale.
Elle a quatre grands journaux télévisés par jour, dont
deux en langue nationale mooré et deux en français. Le JT en mooré est appelé
« Kibaye Wakato ». Selon une étude menée par Wendkuni Martine Roamba,
Kibaye Wakato est majoritairement suivi par les non instruis, soit plus de 60%
des téléspectateurs de l’émission, qui cherchent à s’informer de ce qui se
passe autour d’eux.
Pour les éléments d’ordre culturel nous avons pu
relever dans le programme de la télévision BF1 trois grands groupes : les
émissions, les plages musicales et clips vidéo, les feuilletons et les
documentaires. En moyenne, 7,58h sont des programmes liés à la culture par
jour. Ce qui témoigne que la télévision accorde une place importante aux faits culturels.
Au plan national, la production locale est promue dans les instances musicales
telles que : musique d’ouverture (une fois par jour), short List (6 fois
par jour), tonus matinal (une fois par jour), clip à la une (deux fois par
jour), feuilletons (2 fois par jour), documentaires (une fois par jour).
5.2.2
Critiques
Les feuilletons sont en général d’origine asiatique ou
espagnol mais, il arrive que la télévision diffuse lors des horaires réservés
aux feuilletons des films faits au Burkina Faso. Pour les émissions faisant la
promotion de la culture burkinabè nous avons : D WUM NEERE (émission portant
sur l’actualité nationale en langue Mooré) ; REEM WAKATO (émission en
langue nationale mooré diffusée vendredi et samedi où on accueille des artistes
locaux qui peuvent faire la promotion de leurs œuvres).
On constate quand même dans le programme BF1 des
émissions porteuses d’idéologie étrangère. Nous avons par exemple les
feuilletons Indiens et espagnols. Il diffuse aussi de la musique étrangère.
On constate aussi que les émissions locales sur BF1
sont essentiellement en mooré alors qu’on compte plus d’une soixantaine de
langue.
5.3
Internet
5.3.1
Pratique
Du fait de son ouverture au monde et de son
omniprésence dans cette ère du numérique, internet constitue le 6ème
média à ne pas négliger. A travers elle, les médias traditionnels (affiche,
presse écrite radio, cinéma, télé, et presse en ligne) voient leur puissance
décupler. Par exemple, les chaines de télévision, les radios et les presses
écrites ont des pages sur les réseaux sociaux, ainsi que des sites web. Cela
développe le multi média. Il y a aussi des médias exclusivement en ligne,
notamment Lefaso.net, qui est la
première et la plus suivie dans le domaine.
Mais en plus, Internet a un caractère non
négligeable : c’est un média à travers lequel professionnels et lambda
peuvent être des acteurs influents. Si nous prenons Facebook par exemple, il
existe des pages (L’EmergenceCulturelle, EVENEMENTS CULTURELS DE LA DIASPORA
BURKINABE, etc.) et des groupes (Fierté burkinabè, Burkinabè d’ici et
d’ailleurs, etc.) qui font la promotion de la culture burkinabè. Les artistes
burkinabè sont également présents sur la toile, à travers leurs pages
officielles (Facebook, YouTube, Instagram, etc.), qui leurs permettent de faire
la promotion de leurs productions.
5.3.2
Critiques
L’un des enjeux sera de rendre Internet le plus
accessible possible aux populations et aux institutions, à travers par exemple l’accessibilité
à la connexion internet. Ce qui n’est pas encore un acquis, quand on connait le
coût de cette connexion au Burkina Faso. Par ailleurs, elle ne couvre pas
toutes les zones du pays, et sa qualité n’est la même partout.
C’est certainement l’une des raisons pour lesquelles la
culture burkinabè n’arrive pas à s’imposer sur la toile, et est noyée par celle
occidentale. Les médias occidentaux sont en effet très puissants et présents
sur Internet, et parmi leurs abonnés figurent les internautes africains.
Les plateformes digitales ne prennent pas en compte
les particularités culturelles des pays en voie de développement. C’est le cas
de la parenté à plaisanterie au Burkina où des personnes sont censurées pour
avoir insulté leurs parents à plaisanterie sur Facebook. Les traductions sur
ces plateformes ne prennent pas non plus en compte les langues locales.
CONCLUSION
Le Burkina Faso est un
pays à fort potentiel culturel. Pour préserver cette culture, il faut la
promouvoir. Des politiques nationales sont mises en œuvre pour cela. Mais la
répercuté de cette culture reste faible au plan international.
Or, le pays dispose d’un
certains nombres de moyens de sauvegarder sa culture. L’un de ces moyens reste
les médias, considérés comme le quatrième pouvoir. Ces outils sont d’autant
plus puissants à l’ère du numérique ou le monde va deux fois plus vite. Il
s’avère donc impératif que les médias nationaux soient encore plus puissants
sur la scène internationale.
Par ailleurs, un certain
nombre d'ambassades sont chargées de représenter Le Burkina Faso à l'extérieur.
Par leur truchement, une diplomatie culturelle pertinente et ambitieuse
pourrait être élaborée pour contribuer au rayonnement international de la
culture burkinabè.
En
sommes, nous retiendrons que les IUCD encouragent la prise en compte de la
culture comme facteur de développement à travers la cohésion sociale. Au
Burkina Faso, une attention toute particulière doit être accordée aux faibles
niveaux de confiance interpersonnelle (14.7%), et d’autonomie de
Burkinabés (5.38/10). En effet, la confiance accordée aux pairs et
le sentiment de pouvoir choisir l’orientation de sa vie apparaissent à des
niveaux bien inférieurs à celui de la tolérance à l’égard des individus
d’origines et de cultures différentes (88.7%). Concernant l’égalité des
genres, indispensable au développement, les indicateurs suggèrent que les
efforts des autorités publiques doivent être renforcés pour résorber les écarts
constatés entre les femmes et les homes (0.55/1), mais surtout pour
promouvoir plus de perceptions positives sur l’égalité des genres (46%).
BIBLIOGRAPHIE
v
Ouvrages
généraux
Cours de Cultures traditionnelles et mondialisation.
L’exception-culturelle.pdf
(philosophieculturegenerale.fr)
v Mémoires
NIANGAO
Bély Herman Abdoul-Karim, Les instruments
juridiques internationaux de protection du patrimoine culturel : Etude et
analyse de leur mise en œuvre au Burkina Faso, Mémoire de fin de cycle,
2015.
WEBOGRAPHIE
Aux
origines de l'exception culturelle | Cairn.info
, consulté le 11 avril 2022 à 18 h 28 mn.
L'industrie
culturelle : la culture contre elle-même (lvsl.fr) , consulté le 12 avril 2022 à 11 h 35
mn.
Politique
Nationale de la Culture du Burkina Faso | Diversité des expressions culturelles
(unesco.org) consulté le 11/4/2022 à 15h12mn.
Retour
sur l'industrie culturelle | Cairn.info , consulté le 12 avril
2022 à 11h 25 mn.
[1] Confère
cours de Cultures traditionnelles et mondialisation.
[2] Confère
cours de Cultures traditionnelles et mondialisation.
[3] Confère
cours de Cultures traditionnelles et mondialisation.
[4] NIANGAO
Bély Herman Abdoul-Karim, Les instruments
juridiques internationaux de protection du patrimoine culturel : Etude et
analyse de leur mise en œuvre au Burkina Faso, Mémoire de fin de cycle,
2015.
[5] NIANGAO
Bély Herman Abdoul-Karim, Les instruments
juridiques internationaux de protection du patrimoine culturel : Etude et
analyse de leur mise en œuvre au Burkina Faso, Mémoire de fin de cycle,
2015.
[6] Aux
origines de l'exception culturelle | Cairn.info , consulté le 11 avril 2022
à 18 h 28 mn.
[7] Retour sur
l'industrie culturelle | Cairn.info , consulté le 12 avril 2022 à 11h 25
mn.
[8] L'industrie
culturelle : la culture contre elle-même (lvsl.fr) , consulté le 12 avril
2022 à 11 h 35 mn.
Je réalise tous types de travaux occultes (Amour, santé, travail, relationnel, finances, justice, attraction de la clientèle, désenvoutement, protection des lieux, Protection et harmonisation des lieux, du couple, des personnes, retour d'affection, protection occulte et physique...) Et talismans selon le but recherché.Je réponds aussi à toutes vos questions à partir de la voyance.Vous pouvez aussi me contacter pour tous types de développement personnel et spirituel allant jusqu'aux initiations occultes et spirituelles.
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