samedi 19 mai 2018

Faut-il repenser la Semaine nationale de la culture(SNC)


                         19e  édition de la  SNC Bobo 2018

Le visage du grand rendez-vous  culturel burkinabè après 35 ans d’existence



La Semaine nationale de la culture (SNC) Bobo 2018 est à sa 19e édition. Porté sur les fonts baptismaux en 1983, la Semaine nationale de la culture (SNC) témoigne de la volonté de l’État burkinabè de placer la culture au centre des enjeux du développement.
Après 35 éditions la SNC sombre à remplir sa mission.


                   Rappel sur l’historique de la SNC



L
a SNC a vu le jour en 1983. À cette époque, les autorités politiques de la Révolution ont voulu faire de la culture nationale, le socle d’un développement tenant compte des réalités propres au Burkina Faso. La 1ère édition dite Ouaga 83, s’est déroulée du 20 au 30 décembre 1983 et a connu la participation de plus de 2000 artistes. La SNC sera donc programmée pour chaque année et de façon tournante dans les différentes provinces.
La 2ème édition, Gaoua 84, s’est tenue du 13 au 20 décembre 1984. Gaoua 84 tire sa célébrité de la qualité du site, de la diversité des expressions et de la participation d’ensembles célèbres tel l’ensemble instrumental du Mali.  En avril 1985, s’est tenu un séminaire national sur la SNC à Matourkou. La SNC deviendra une biennale. Mais gardera le principe de la célébration tournante entre les chefs-lieux de province. La 3ème édition en 86 s’est tenue à Bobo Dioulasso. La 4ème simultanément dans deux chefs-lieux de provinces voisines d’où la dénomination ‘’Koudougou - Réo 88’’. Ce sera aussi la fin du principe de rotation de la manifestation. La SNC fut institutionnalisée en 2000 avec la construction de son siège à Bobo Dioulasso.
Ses principaux objectifs sont les suivants :
§  la promotion de la création artistique ;
§   la revalorisation du patrimoine culturel national ;
§  le rapprochement et le brassage harmonieux des différentes formes d’expressions culturelles du Burkina Faso ;
§  Le renforcement de la coopération culturelle internationale
Depuis ce jour, la SNC est célébrée tous les deux ans.  À chaque édition un thème spécifique est choisi, et tout cela en faveur de la promotion des valeurs culturelles du Pays des hommes intègres. Pendant toutes les éditions tout le monde dit prendre conscience des enjeux culturels liés au développement du Burkina Faso. L’édition 2018 vient de refermer ses  ces portes ce 30 mars 2018 à la maison de la culture de Bobo Dioulasso.




La SNC a encore beaucoup à faire
Tout comme les autres éditions, nous avons entendu de beaux discours à la 19e édition allant dans le sens de la promotion des cultures burkinabè.  Mais dans la réalité qu’est-ce que cela a apporté dans le comportement des Burkinabè ?
L’aspect festif et la course aux prix prend le dessus sur la réflexion et le combat, seule voie de sortie de cette crise culturelle.
La SNC peut-elle réussir sa mission quand dans les faits plus de la moitié des Burkinabè ne peuvent pas se procurer des produits locaux. Ce que nous mangeons, portons, regardons influence sans doute notre façon de penser et d’agir. Combien de Burkinabè peuvent s’acheter du riz ou du tissu « made in Burkina » ? Et sans parler des difficultés de nos médias, l’atteinte des objectifs de la SNC, en tout cas si on l’entend comme son  promoteur feu le Président Thomas SANKARA, passe nécessairement par le développement de notre 7e art(le cinéma), et la music de notre terroir. Cela pourrait nous rendre plus pessimistes quand nous regardons les conditions de vie et de travail de nos artistes locaux, toute catégorie confondue. Il nous suffit de faire un tour au  Bureau burkinabè du droit d’auteur(BBDA) pour comprendre que ce n’est pas du tout facile pour ces derniers. Un artiste peut se retrouver à la fin du mois avec seulement des pièces de monnaie.  Aussi l’idéal serait-il adopter un rythme étranger. En tout cas pour tout artiste qui veut s’en sortir financièrement.
Quand tout le monde à commencer par la jeunesse dit prendre conscience des enjeux culturels de notre ère, combien sont prêts à consommer la music, le cinéma burkinabè ?
Le thème de cette 19e édition est interpellateur, « Sauvegarde des valeurs culturelles : enjeux et défis ». Le Premier ministre Paul Kaba TIEBA, lors de cette édition a affirmé : « Il n’y a  aucun pays qui s’est développé sans fondements culturels ». Il a précisé que la globalisation ne signifie pas la fin des identités mais plutôt que chacun doit rester soi-même tout en s’enrichissant des cultures positives extérieures. Mais ce rendez-vous du donner et du recevoir comme l’a appelé SENGHOR ne pourrait profiter au Burkina Faso que quand nous pourrons présenter au reste du monde un contenu dont nous sommes nous-mêmes fiers.
Aussi faudrait-il repenser la SNC pour la rendre plus dynamique et plus profitable aux Burkinabè.

                                                                                             Commentaire Lucien KAMBOU


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